Publier sa thèse

Publications pendant la thèse et valorisation de la thèse

Enjeux, exemples et bonnes pratiques

Les chartes ou les guides de thèse de la majorité des universités européennes, américaines du nord et du sud, et asiatiques disposent d’un article consacré aux publications et à la valorisation de la thèse de doctorat.

Cette participation des doctorants à la vie scientifique est valorisée pour au moins sept bonnes raisons.

La première concerne l’intégration du doctorant et de sa recherche dans les communautés scientifiques. Un doctorant qui participe activement à un colloque ou à une publication académique montre sa capacité d’insertion dans ces communautés.

La seconde concerne le jugement des pairs. Un article ou une conférence présentée à l’évaluation d’un comité scientifique ou d'un comité de lecture (peer review) permet de bénéficier de critiques expertes qui font progresser le doctorant qui est ainsi encouragé à candidater aux différents programmes nationaux et internationaux de subvention et de bourses. C’est aussi une occasion pour faire reconnaître son travail par la communauté scientifique internationale tout en favorisant les contacts et les coopérations scientifiques.

La troisième raison concerne le marquage du territoire scientifique. En communiquant et surtout en publiant, un doctorant montre à toute la communauté scientifique quel est son domaine et son terrain de recherche, les méthodes qu’il utilise et les résultats qu’il obtient.

La quatrième raison concerne le développement de l’habitude de publication. « Publish or perish ». Préparer un doctorat, c’est se préparer à la recherche académique ou industrielle, c’est donc publier régulièrement ses recherches et leurs résultats. Commencer tôt est un avantage.

La cinquième raison concerne l’entrée dans la carrière. L’immense majorité des systèmes de recrutement postdoctoral et universitaires réclament qu’en plus de la thèse de doctorat, le candidat fasse la preuve de sa capacité à publier. Pour cela, plus il aura publié pendant sa thèse et plus il aura publié dans des revues de rang A ou équivalent pendant sa thèse plus ses chances d’être qualifié puis recruté sont grandes.

La sixième raison concerne les bénéfices pour le laboratoire de rattachement et l’École doctorale mais aussi l’université. Ces institutions sont régulièrement évaluées et le résultat de l’évaluation dépend de l’activité scientifique visible de tous les chercheurs, et notamment des jeunes chercheurs que sont les doctorants.

La septième raison est liée au développement rapide de la recherche mondiale, à la circulation de l’information sur l’Internet et à la compétition internationale dans la société de la connaissance. Publier les parties importantes de ses travaux pendant le doctorat :

  • c’est prendre date avec l’évolution internationale de la recherche ;
  • c’est s’inscrire dans son espace de visibilité ;
  • c’est ne pas prendre le risque qu’un autre chercheur soit plus rapide et dévalorise l’originalité du travail effectué.

On distingue trois pratiques de publication pendant la thèse :

  • les publications du doctorant pendant la période de recherche doctorale ;
  • les publications du doctorant intégrées à la thèse ;
  • les thèses par articles (thesis by published papers).

Le développement de ces bonnes pratiques est particulièrement encouragé par les Écoles doctorales et les centres de recherche qui aident les doctorants à publier.
Quant aux centres de recherche et aux laboratoires, ils encouragent les directeurs de recherche à publier avec leurs doctorants.

  • Les publications du doctorant pendant la thèse

    Pour les raisons évoquées ci-dessus, toutes les universités recommandent aux doctorants de publier pendant leur doctorat, mais aussi de communiquer sur leurs travaux lors de conférences, poster session, colloques nationaux et internationaux, et dépôt de brevets.

    Voici à ce sujet un extrait de la charte des thèses de l’université de Lyon 3 (France) et de l’Université libre de Bruxelles (Belgique) que l’on retrouve souvent reprise à l’identique dans les pays francophones.

     

    Lyon 3
    Section 5 : Publication et valorisation de la thèse
    « La qualité et l’impact de la thèse peuvent se mesurer à travers les communications dans des colloques de référence, les publications à comité de lecture ou les brevets qui seront tirés du travail, qu’il s’agisse de la thèse elle-même ou d’articles réalisés pendant ou après la préparation du manuscrit. »

     

    Université Libre de Bruxelles
    5. PUBLICATION ET VALORISATION DE LA THÈSE.
    L'impact de la thèse peut se mesurer à travers des publications réalisées dans lesquelles le doctorant apparaît comme auteur ou coauteur (qu'il s'agisse de la thèse elle-même ou d'articles originaux) ou par les brevets ou rapports déposés qui découlent du travail accompli par le doctorant.

  • Les publications du doctorant intégrées à la thèse

    Puisqu’il est incité à publier pendant sa thèse, le doctorant peut intégrer tout ou partie d’un article dans sa thèse. Ce faisant, il devra respecter le droit d’auteur s’il n’est pas le seul auteur d’un article et il devra prévenir l’éditeur de l’ouvrage dans lequel l’article a été publié. En ce domaine, le règlement de l’Université de Laval (Canada) est très détaillé.

  • La thèse par articles

    À côté de la thèse classique, intégrant ou non des articles publiés par le doctorant, existe la thèse par articles. En général, cette thèse est constituée d’au moins trois articles publiés ou sur le point d’être publiés dans une revue scientifique. Ces articles sont articulés les uns avec les autres par des textes montrant leur cohérence et leur originalité.


    L’Université de Montréal (Canada) a publié sur ce sujet un texte très clair :

     

    « C.8.2 La présentation par articles
    Dans un mémoire ou une thèse par articles, les principaux résultats sont présentés sous forme d’articles publiés dans des revues scientifiques, ou sous forme de manuscrits soumis ou prêts à être soumis pour publication. Les articles doivent être rédigés au cours des études, dans le cadre du programme de formation. Le mémoire ou la thèse doit constituer un tout bien intégré et cohérent et, à cette fin, les articles qui constituent le corps du document doivent être :
    - précédés de chapitres d’introduction, de recension de la littérature et de méthodologie,
    - suivis d’une synthèse substantielle qui comprend une discussion générale des résultats, des conclusions et une bibliographie. »

     

    Le site de la Queensland University of Technology (Australie) donne aussi des informations intéressantes au sujet des PhD (theses by published papers), notamment sur les conditions d’engagement dans une telle thèse.

    Le rôle des directeurs de recherche est donc primordial dans l’incitation à publier pendant la thèse. C’est ce que note la charte des thèses de l’université d’Orléans (France) :

     

    « L'Université recommande vivement que le doctorant soit invité, au plus tard au cours de sa troisième année, à présenter devant un auditoire extérieur à l'unité d'accueil (congrès, séminaires...) une communication scientifique sur ses travaux de recherche et, dans la mesure du possible, au niveau international.Le directeur de thèse aura à l’esprit d’inciter le  doctorant à faire au moins une publication concernant un sujet traité durant sa thèse. »

     

    Le développement de ces bonnes pratiques est particulièrement encouragé par les écoles doctorales et les centres de recherche qui aident les doctorants à publier.

    Quant aux centres de recherche et aux laboratoires, ils encouragent les directeurs de recherche à publier avec leurs doctorants.